Proposition d'une nouvelle théorie des instincts, des pulsions et de leur articulation
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Ecrit entre janvier 2012 et mai 2020
Publié sur le web à partir du 16 mai 2020
C'est un constat, qui m'a frappé il y a plusieurs années, qui m'a amené à faire cette recherche. Celui d'une difficulté à trouver des définitions claires des termes d' « instinct » et de « pulsions ». Je commençais alors à m'approprier le fait de penser. C'est à dire que je commençais à utiliser les pensées théoriques des autres non plus pour comprendre leur manière d'appréhender la complexité du fonctionnement psychique de l'humain, mais pour m'aider à construire ma compréhension propre.
Or donc, j'ai observé que, en éthologie, en philosophie, en médecine ou en psychanalyse, les termes d'instinct et de pulsion sont quasiment toujours plus ou moins confondus. Souvent on les utilise alternativement pour parler de la même chose et bien souvent ils renvoient à tout ce qui relève des comportements animaux, primaire voir incontrôlable sous-tendu par une espèce de bestialité bien souvent culpabilisé ou culpabilisante. C'est comme s'il n'y avait pas de nuance ou de différence entre ces deux termes et les réalités de fonctionnement qu'ils sont censés nommer en nous. Parfois même la tentation est grande d'en faire des éléments uniquement présents chez les animaux non humains ou chez certains être humains alors considérés comme dégénérés. A d'autres moments ils décrivent des mouvements premiers, archaïques ou automatiques qui nous traversent dans des situations où nous serions renvoyé à l'animalité, situations extrêmes, et finalement assez problématiques car venant révéler une nature contre laquelle nous luttons avec force, nous autres humains. Ce sont des situations où nous agissons presque malgré nous, de manière automatique, où nous avons perdus le contrôle sur nous-même, et c'est donc vu comme une régression, un retour en arrière vers un état que nous sommes censés avoir quitté il y a longtemps.
Pourtant il nous faut constater que deux termes différents existent bel et bien dans notre vocabulaire et ce dans beaucoup de langues. Il est donc pertinent de penser que ces deux termes renvoient à des réalités différentes. J'ai alors décidé d'essayer d'éclaircir en moi cette nuance, voir cette différence, entre les instincts et les pulsions. Et j'ai commencé par chercher des définitions de chacun de ces termes, mais il est difficile de trouver des définitions clairs permettant de percevoir des spécificités les concernant et les différenciant clairement ou les mettant en rapport l'un par rapport à l'autre.
Une rapide recherche par le biais d'internet sur les définitions des termes d'instinct et de pulsion illustre cela :
Site 1 : l'internaute définition simple et rapide
instinct , nom masculin - Sens 1 : Tendance naturelle existant chez les individus de la même espèce. - Synonyme : sentiment - Traduction anglais : instinct
pulsion , nom féminin - Sens 1: Psychologie : Action influencée par l'inconscient. - Synonyme : instinct - Traduction anglais : impulse
___________Si les définitions diffèrent bien, on voit que instinct est considéré comme un synonyme de pulsion. _______________
Site 2 : wikipédia
Instinct : L’instinct est la totalité ou partie héréditaire et innée des comportements, tendances comportementales et mécanismes physiologiques sous-jacents des animaux.
Présent sous différentes formes chez toutes les espèces animales, son étude intéresse nombre de sciences : biologie animale (éthologie et phylogénie), psychologie, psychiatrie, anthropologie et philosophie.
Chez l'humain, il constitue la nature qui s'oppose traditionnellement au concept de culture.
Quelques définitions :
Paul Guillaume : "Nous définirons l'instinct, conformément à l'usage général, une activité dont les conditions internes sont des propriétés primitives de l'organisme. Instinctif signifie donc inné, préformé et s'oppose à ce qui est acquis ou inventé par l'individu."
Irenäus Eibl-Eibesfeldt : "Le répertoire comportemental moteur d'un animal se compose de mouvements constants dans leur forme, donc reconnaissables. L'animal n'a pas besoin de les apprendre, et, de même que les caractéristiques morphologiques, ils sont spécifiques. Il s'agit, pour ainsi dire, d'un savoir 'inné'. Ces activités motrices - innées - coordonnées génétiquement, sont appelées : instinctives."
L.-M. Morfaux : "Instinct. Comportement automatique et inconscient des animaux, caractérisé par un ensemble d'actions déterminées, héréditaires et spécifiques, ordonnées à la conservation de l'espèce ou de l'individu (nutrition, reproduction, protection, etc."
_______________ Ici les instincts renvoient à tout ce qui est inné, donc les pulsions si elles sont innée feraient partie des instincts, ou alors les instincts renverraient à la vie animale avec pour but la conservation de l'espèce ou de l'individu. _______________
Pulsion : Le mot pulsion vient du latin pulsio (action de pousser, pellere, pulsum). Il est une traduction du terme allemand Trieb, qui a été utilisé par Freud. La notion de pulsion est théorisée par Freud dès ses premiers écrits avec notamment la première topique, puis repris dans la seconde topique. Elle repose sur une vision dualiste : une pulsion (ou un groupe de pulsions) s'oppose à l'autre et ce conflit dynamique s'insère dans la métapsychologie. « Le concept de pulsion nous apparaît comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations issues de l'intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme mesure de l'exigence de travail qui est imposé au psychique en conséquence de sa liaison au corporel1. » En psychanalyse, la théorie des pulsions (amour et faim, vie [Éros] et mort [Thanatos]) est un concept fondamental de la métapsychologie. Les difficultés de compréhension ont été compliquées par la traduction française du mot allemand Trieb par « instinct » qui ne rend pas compte de la spécificité freudienne. Cette spécificité réside dans l'articulation des relations entre le corps et le psychisme par l'entremise de la représentation.
_______________ Ici on perçoit bien la différence entre l'instinct qui semble un concept renvoyant à tout ce qui est inné chez l'animal, et la pulsion qui renvoie à la psychanalyse et à sa définition dans la psychanalyse par Freud. Cependant il est noté que dans la traduction française du mot allemand pulsion (trieb) il y a eu une confusion avec instinct. _______________
Site 3 : Larousse en ligne
Instinct : nom masculin (latin instinctus, impulsion, de instinguere, pousser) Ensemble des comportements animaux ou humains, caractéristiques d'une espèce, transmis par voie génétique et qui s'exprime en l'absence d'apprentissage. Impulsion innée, automatique et invariable qui régit le comportement de tous les individus d'une même espèce. Avoir un don, une disposition naturelle, une aptitude à sentir ou à faire quelque chose : Avoir l'instinct du beau.
Pulsion : nom féminin (bas latin pulsio, -onis, du latin classique pulsum, de pellere, pousser) Force à la limite de l'organique et du psychique qui pousse le sujet à accomplir une action dans le but de résoudre une tension venant de l'organisme.
_______________ Ici encore une différence claire semble se dessiner entre ce qui serait inné, l'instinct, automatique et une définition plus spécifique à la psychanalyse d'une force qui pousse dans le sujet, la pulsion. Ce qui vient faire confusion ici est encore la notion que l'on retrouve de manière indifférenciée dans les deux notions de quelque chose de tellement ancrée que ça agit malgré nous. Dans les étymologies, l'origine de ces deux termes renvoie à l'action de pousser, et donc à quelque chose qui échappe à notre contrôle, qui est plus fort que nous.
Même Freud utilise indifféremment les deux termes dans son livre « métapsychologie » ( Métapsychologie , mars 1915, Collection folio, p.13-14), qui est un ouvrage majeur où il évoque les pulsions. De manière générale il y a quasiment toujours un point de confusion qui rend les définitions de ces deux notions pas très claires quand on veut les spécifier l'une par rapport à l'autre.
Du coup cela m'a intrigué et invité à essayer de mieux comprendre ces notions respectives qui renvoient à des réalité en nous, tout en essayant d'intégrer ce lien qu'il semble y avoir entre elles. Les différencier en respectant leur liens. Les différencier tout en les reliant. Cela m'a amené à construire en moi une hypothèse qui me semble nouvelle concernant les instincts et les pulsions en nous, à quoi ces notions renvoient-elles ? Comment elles s'articulent ?
Mon point de départ a été un premier constat. Si toute les définitions s'accordent à dire que les instincts renvoient à ce qui est inné, quelque chose de présent en nous dès le début, alors, les pulsions, en partant du principe qu'elles sont différentes des instincts, sont elles acquises ? Or il ne me semble pas que les pulsions soient des éléments acquis, appris. Pour mieux appréhender ce que sont les pulsions, il m'a alors semblé pertinent d'aller interrogé celui qui a remis « au goût du jours » les pulsions à la fin du XIXème siècle : Sigmund Freud. Il est celui qui a proposé une définition précise et encore aujourd'hui pertinente des pulsions dans son ouvrage susnommé « Métapsychologie ».
Puis en partant de la définition freudienne des pulsions, du moins de ce que j'en ai saisi et fait mienne, m'a semblée évidente une définition plus précise des instincts, fidèle à ce que l'on en dit déjà, mais plus précise quand à ce que me semble être un instinct et à la fonction des instincts. Enfin une articulation toute naturelle entre ces instincts et ces pulsions m'est apparu très logique pour garantir un fonctionnement en nous à partir de ce que l'on peut observer dans la réalité. Or il se trouve que cette manière de penser les instincts et les pulsions et leur articulation en nous, semble bien coller avec ce que la clinique me montre.
Les Pulsions qu'est ce que c'est ?
Pour ce travail de clarification je suis parti des pulsions car il m'a semblé qu'une personne avait déjà bien défricher ce terrain il y a environ un siècle. Défriché c'est à dire qu'il a proposé une définition et une description des pulsions qui me semble des plus pertinente. Je me suis donc dit « partons de ce que l'on connait déjà ». Et ce loustic c'est évidemment Sigmund Freud qui a élaborer une théorie dans laquelle il propose une description de ce que sont les pulsions en nous, de façon méthodique et précise à mon sens, car c'est fidèle à ce que l'on peut expérimenter en nous au quotidien. C'est à dire que ça n'est pas une notion théorique absolument déconnectée de l'expérience, si l'on veut bien observer ce qui se passe en soi, dans notre corps et dans notre tête.
Freud explique que la pulsion est quelque chose qui émane d'une tension à l’intérieur de nous, qui va s'exercer sous la forme d'une poussée, et qui va avoir un but, à chaque fois le même but, apaiser cette tension interne. Et c'est par un objet que l'on pourra atteindre ce but. Or pour atteindre ce but, il y aura nécessité d'un mouvement. En cela c'est quelque chose qui est à la frontière entre le corps et l'appareil psychique. C'est un très rapide résumé des base de ce qu'est la pulsion pour Freud. Ca m'a semblé pertinent car cela parle d'une réalité simple et repérable en nous. C'est à dire qu'en partant des pulsions assez simples qu'il décrit au départ : pulsion orale, pulsion annale, pulsion sexuelle, on repère que derrière ces pulsions il y a des besoins physiologique, internes, fondamentaux, se nourrir, expulser les déchets, se reproduire etc. Les pulsions génèrent une mise en mouvement permettant d'atteindre la satisfaction d'un besoin générant par le même coup l'apaisement de la tension interne.
Cette description de la pulsion peut faire penser par certain côté à ce que l'on peut observer pour les émotions. En effet il y a aussi une tension interne, un enjeux psycho-corporel, c'est aussi une alarme interne alertant qu'un besoin n'est plus garanti. Cependant on observe que ces deux mécanismes, pulsions et émotions, même s'ils ont été tout les deux frappés d'ostracisme chez les humains, ne sont pas confondable quant à leur déploiement interne en nous. Et on peut faire l'hypothèse qu'ils sont deux mécanismes complémentaire qui nous aident à garantir les besoins qui nous aident à vivre et à survivre au quotidien. Nous pouvons de fait noter que si les émotions sont beaucoup orienter vers le monde extérieur, et concernent plus particulièrement notre relation au monde, les pulsion, elles, concernent plus notre monde interne. La pulsion c'est à l’intérieur de nous et que à l’intérieur. D'ailleurs Freud émet l'hypothèse que c'est ce qui va nous permettre de commencer à différencier l'intériorité de l'extériorité, et ainsi cela va engager en nous la prise de conscience de la notion d'un soi différent des autres. En cela elle représenterait la base de la différenciation qui mène jusqu'à la subjectivité.
Donc si on prend une pulsion simple, la pulsion orale, on a faim, on a besoin de manger, il nous faut nourrir notre corps pour répondre à nos besoins physiologiques (en gros faire entrer dans notre corps des éléments pour le construire, pour réparer les éléments abimés et pour produire l'énergie qui fait fonctionner l'édifice), la pulsion qui vient signifier ce besoin et faire que l'on va être amené à y répondre, c'est la pulsion orale. Nous ressentons alors une tension dans notre ventre, au niveau de l'estomac, c'est une tension car c'est plutôt désagréable et on aura tendance à vouloir la faire disparaître, c'est la balance déplaisir – apaisement de la pulsion. Cette tension fonde le but de la pulsion, faire disparaître le déplaisir lié à la tension. Puis il y a l'objet, ce par quoi on va pouvoir atteindre le but, c'est à dire apaiser la tension pour faire cesser le déplaisir. Dans cette situation de faim, l'objet c'est la nourriture. Puis il y a le mouvement qui est la conséquence de la pulsion, car pour atteindre le but grâce à l'objet il faut un mouvement, un acte, une action, même minime mais il le faut. Et ce mouvement c'est le plaisir corporel qui nous l'indique. Dans le cas de la pulsions orale liée à la faim, c'est le plaisir gustatif pris au niveau buccal qui nous indique que la voie pour apaiser la tension est qu'il faut manger. Manger c'est une action et donc c'est un mouvement, une mobilisation.
On voit donc que la logique pulsionnelle oscille entre déplaisir et apaisement. Freud lui a limité sa description des pulsions à l'antagonisme plaisir-déplaisir. Il semble exprimer par là que le plaisir prit dans la satisfaction pulsionnelle est lié à l'arrêt du déplaisir par la résolution du besoin entrainant la disparition de la tension. Là dessus je ne suis pas d'accord. Pour moi l'arrêt de la tension génère un apaisement, car le déplaisir disparaît, ce qui n'est pas pareil que le plaisir. Il y a un soulagement dans l'arrêt du déplaisir, qui peut peut-être associé à une forme de plaisir, mais ça n'est pas a mon sens un plaisir à proprement parler. L'absence de mal être est une absence de sensation désagréable, mais c'est différent d'une sensation activement plaisante, génératrice de plaisir. Par contre parmi toutes les manières d'apaiser une tension pulsionnelle, il y a celles qui nous donne du plaisir, de la jouissance corporelle, et c'est finalement cette jouissance qui va nous montrer la voie idéale, la plus efficace, pour apaiser la tension pulsionnelle. La jouissance, le plaisir, pris dans le fait de manger, le goût, les saveurs, les textures, nous guide pour nous montrer que c'est la manière la plus efficace d'apaiser la pulsion orale, la jouissance, le plaisir, que procure le fait d'avaler, nous guide dans le fait que c'est la manière la plus efficace pour apaiser cette pulsion orale et c'est d'ailleurs la manière idéale pour combler notre besoin d'apport d'éléments nutritifs pour garantir notre survie. Ainsi donc le plaisir, la jouissance corporelle, nous montre la voie d'apaisement de la tension pulsionnelle, et c'est vrai pour toutes les pulsions. Il est donc, à mon sens, très différent du soulagement apporté par l'arrêt du déplaisir. Mais il est certain que les deux, le soulagement et le plaisir, sont grandement complémentaires dans le fonctionnement pulsionnel.
Reprenons synthétiquement l'exemple de la pulsion orale. J'ai faim, je ressens une tension dans mon ventre, cette tension est désagréable, et me pousse à aller faire une action qui va me permettre de faire disparaître cette tension interne de faim. On peut imaginer plusieurs manières de ne plus ressentir cette tension dans mon ventre. Dériver mon attention en bougeant ou en stimulant d'autres sensations corporelles, ou m'ouvrir le ventre pour le remplir en allant déverser des substances nutritives directement dans mon estomac (j'utilise exprès cette image absurde pour montrer l'évidence de la solution à cette tension), même si cette dernière solution comporte certains inconvénients non négligeables, douleur, blessures graves, mort etc. Or finalement tout un chacun sait que la voie idéale d'apaisement de la tension interne qu'est la faim sera de manger. C'est à dire faire entrer des aliments par le biais de sa bouche, jusqu'à son estomac et son système digestif. Or le plaisir pris dans le fait de manger ne se ressentira pas au niveau de l'estomac mais au niveau buccal. Au niveau de l'estomac la sensation sera de l'ordre du soulagement quand la sensation liée à la faim sera apaisée. Le plaisir de manger se passe au niveau de la bouche par les goûts, par les saveurs qui se dégagerons lors de la mastication et lors de la déglutition. (Sachant qu'en plus la mastication, les goûts et les saveurs me permettent d'éviter des aliments qui pourraient m'être néfastes.) Le plaisir nous montre la manière idéale de résoudre une pulsion sans me nuire. Et je crois que l'on peut appliquer cela à toutes les pulsions.
Un autre exemple avec la pulsion anale. Un boudin fécal arrive vers le rectum, cela génère une tension interne, c'est désagréable et je veux me libérer de cette tension. Pour me libérer de cette tension je pourrais me dire que je vais faire remonter le boudin fécal dans l'intestin pour ne plus avoir cette sensation désagréable au niveau du rectum, mais ça n'est pas la voie idéale pour apaiser cette tension, la voie idéale c'est d'aller déféquer, cela correspond au besoin corporel d'évacuation des déchets, et de fait il y a un certain plaisir au niveau de la muqueuse anale au moment de la défécation pour guider vers la voie d'apaisement de cette tension. A ce plaisir de muqueuse s'ajoutera la sensation de soulagement quand la tension disparaitra.
De même pour la pulsion sexuelle. L'excitation sexuelle génère une tension au niveau des organes génitaux, la voie de résolution de cette tension est montrée par le plaisir, stimuler l'organe sexuel jusqu'à l'orgasme, puis la tension disparaît, elle laisse place au soulagement. Nous pourrions passer en revue toutes les pulsions mais ça serait trop long et fastidieux, or il me semble que ces exemples suffisent à exprimer ce qu'est une pulsion.
Il est intéressant de comprendre ce qu'est une pulsion, et comment elle marche, mais cela ouvre ensuite à un autre questionnement : à quoi servent les pulsions ? Quelle est leur fonction ? Quand on regarde déjà deux des pulsions déjà vues, pulsion orale et pulsion anale, manger et éjecter. Ces pulsions semblent répondre à des besoins physiologiques fondamentaux pour survivre. Cela semble donc concerner un enjeu d'autoconservation de l'individu. En effet si je ne mange pas et si je n'évacue pas les déchets de mon corps alors je risque de mourir. Cependant si l'on regarde la pulsion sexuelle qui fonctionnent pareil, on peut voir qu'elle ne renvoie pas à un enjeux d'autoconservation. En effet on peut survivre sans avoir d'activité sexuelle, certes on rate alors quelque chose de très agréable, mais on n'en meurt pas.
Toutes les pulsions ne servent donc pas l'autoconservation.
Que sert alors la pulsion sexuelle ?
Elle permette la reproduction. C'est à dire qu'elle garantit la multiplication des individus d'une même espèce. Elle garantit donc que la population au sein d'une espèce soit suffisamment importante.
Les instincts sont-ils en lien avec les pulsions ? En continuant cette réflexion, j'ai mis en balance l'autoconservation, qui est la survie de l'individu et la reproduction, qui est la multiplication des individus et il m'est alors apparu comme évident que cela correspondait à la survie de l'espèce.
Cela n'est pas une découverte, cela a déjà été nommé des dizaine de fois, mais ce qui m'a semblé intéressant dans cette manière de voir les choses c'est que la survie de l'espèce, de chaque espèce vivante, est garantie par :
1- l'autoconservation de chaque individu, et
2- par la reproduction des membres de l'espèce.
Et c'est la conjugaison de ces deux mouvements fondamentaux qui permet la survie de l'espèce. Or ces deux mouvements fondamentaux sont mis concrètement en acte chez chaque individu par le biais des pulsions (entre autre).
En effet l'autoconservation des individus seule ne suffit pas à garantir la survie de l'espèce et la reproduction des membres de l'espèce non plus, il faut les deux.
Il m'a alors semblé évident que ces mouvements fondamentaux qui correspondent au mécanismes indispensables pour garantir le survie de l'espèce collait plutôt bien avec ce qu'on pourrait appeler « Instinct ».
Du coup la différence et la complémentarité entre une pulsion, telle que défini précédemment et un instinct tel que défini ici s'imposaient d'elles mêmes.
Je propose donc de définir les instincts comme étant des stratégies inscrites en chaque individus vivants, dont le but est de garantir la survie de l'espèce, comme par exemple l'autoconservation et la reproduction, et je propose de définir les pulsions comme un des mécanismes présent dans chaque individu qui permettra de générer les actions nécessaires à la mise en pratique des instincts dans la vie quotidienne. Je pousse ma proposition un peu plus loin en disant que les instincts, en tant que stratégies nécessaires à la survie de l'espèce sont communs à tout le monde vivant. Ils se retrouvent donc, et cela fait partie de leur définition telle que je la propose, dans toutes les espèces vivantes, végétales, bactériennes, animales, etc. Tout ce qui est vivant et se multiplie est pour moi engagé dans un processus de survie de l'espèce et est donc mû par les mêmes instincts. Les stratégies qui vont permettre d'accomplir ces instincts, de les mettre en application, seront plus spécifique à chaque espèce ou à chaque classe d'espèce vivantes. Ce qui est le cas des pulsions qui se retrouveront plutôt chez les espèces mouvantes (animaux, insectes).
Instincts et survie de l'espèce
A ce stade la différenciation entre instincts et pulsions m'apparait donc comme une évidence :
De manière un peu schématique, les instincts seraient la recette de base pour garantir un résultat, la survie de l'espèce.
Les pulsions seraient une partie des messages, des instructions, du moteur, donc du "mécanisme motivateur interne" permettant de mettre en application ce mode d'emploi de la survie de l'espèce.
Les pulsions génèrent des mouvements qui sont la mise en acte permettant la bonne marche du protocole (les instincts), le résultat final étant la garantie de la survie de l'espèce, ce qui est à mon sens un des enjeux, voir l'enjeux le plus fondamental de tout les membres d'une espèce.
Mais voilà encore une question intéressante : est-ce qu'en effet chaque membre de l'espèce porte en lui cet enjeu de la survie de l'espèce ?
Menno Schilthuizen dans son livre passionnant « Comme les bêtes » (Comme les bêtes - Menno Schilthuizen - Paru le 13 janvier 2016 -Flammarion) qui traite des sexualités animales, estime pour sa part qu'il n'en est rien, quand un individu va tout faire pour agir un coït, il ne le fait pas pour la survie de l'espèce mais pour son propre intérêt. Je suis d'accord avec lui là dessus, c'est à dire sur la motivation consciente qui pousse au coït (sachant que ce qui pousse au coït est la pulsion sexuelle). Cependant je suis persuadé que chaque individu d'une espèce porte en lui, inscrit au travers de son mode de fonctionnement, l'enjeu de la survie de l'espèce. Il le porte à travers ses instincts et ses pulsions, ses émotions, ses réflexes etc. Tout en nous semble tourné vers l'enjeu de survie de l'espèce, mais que cela ne soit pas consciemment pensé, ça c'est sûr !
De fait il me semble presque évident (hé oui un petit doute subsiste quand même en moi quand je vois l'auto-destructivité dont est capable l'espèce humaine), que si à chaque membre de notre espèce était imposé le choix cornélien suivant : « soit tu meurs, sans souffrance sans violence, instantanément, juste tu meurs, et alors toute l'espèce humaine est sauvée, soit tu vis et tout l'espèce humaine meurt, sans souffrance, sans violence, de mort instantanée et tu reste le dernier humain vivant. » Tout le monde ou presque choisirait de mourir plutôt que de voir toute l'espèce disparaitre. Ce qui signifie que l'idée de sa propre survie sans la survie de l'espèce n'a pas de sens. Cela découle à mon sens du fait que pour tout un chacun un individu sans son espèce n'est pas grand chose, la vie n'a alors plus trop d'intérêt (évidemment ce sont de suppositions de ma part.)
On le perçoit aussi plus largement dans le fait que quand une espèce est menacée cela remue quelque chose en nous, je pense que cela réveil en nous une forme d'angoisse profonde. En général on en parle un peu dans les médias.
Une autre manière de percevoir que cet enjeu inconscient est une préoccupation en chacun de nous, est le fait que ce sujet est régulièrement traité dans les films que l'on appelle « d'anticipation » ou « post-apocalyptique» qui fait parti de la science fiction (28 jours plus tard, la route, 2012, les zombies, la planète des singes, perfect sens, etc.) et qui traite généralement de la fin de l'humanité. Il y en a une grande quantité qui est réalisée, or la loi du commerce fait que dans le cinéma la plupart des producteurs financent des films dont ils pensent qu'ils vont bien marcher. Or le fait que ces films, en général, sont particulièrement regardés nous montre que cette thématique interpelle les spéctateurs cinéphiles, et par extention on peut faire l'hypothèse que cette préocupation interesse la plupars des humains, sauf à penser que les spéctateurs cinéphiles seraient une catégorie d'humains particulièrement soucieux de cette thématique. Pour ma part je fais le pari de la première hypothèse.
De fait ce qui ressort de ces films, quelque soit la menace, catastrophe naturelle, invasion extra terrestre, virus mortel, transformation en zombis, etc c'est globalement que quand l'espèce humaine est menacée c'est insupportable et toute les énergies des membres encore vivants de l'espèce sont alors tournés vers la survie de l'espèce.
Quand on pense à un humain qui se retrouverait seul, on imagine tout de suite qu'il se met à chercher s'il y a d'autre personnes et alors le repeuplement de l'espèce devient un enjeu fondamental.
Certes les films renvoient à l'imaginaire, mais en cela il viennent révéler ce qui fait préoccupation commune plus ou moins consciemment en nous. Et il me semble que quand des thématiques reviennent régulièrement dans la création et l'imaginaire cela signe un enjeux majeur concernant les humains. Comme par exemple l'amour, la guerre, la lutte entre le bien et le mal, et comme la menace de l'extinction de l'espèce humaine et de ce que cela fait alors vivre comme angoisse aux individus restants.
C'est ainsi à mon avis, au travers des instincts et de ce qui permet de les mettre en application, que chaque individu porte en lui l'enjeu commun de survie de l'espèce, sans même s'en rendre compte. C'est à dire que si ces stratégies inscrites en chacun de nous dès le début n'étaient pas là chez la majorité des membres d'une espèce, alors l'espèce aurait toutes les chances de disparaître à moyen voir à court terme.
Je repère à ce stade de ma réflexion au moins deux instincts, l'instinct d'autoconservation et l'instinct de reproduction (qui ne doit pas être nommé instinct sexuel, car la sexualité (hétérozygote) n'est pas la seule manière existant dans le monde du vivant pour se reproduire.)
Mais une nouvelle question me vient logiquement à l'esprit.
N'y-a-t-il pas d'autres instincts ?
Autrement dit :
Ce mode d'emploi universel de la survie d'une espèce ne contient-il que deux règles ou contient-il d'autre instincts nécessaires ?
Ou alors :
Y-a-t-il d'autres exigence pour garantir la survie d'une espèce vivante ?
L'autoconservation de chaque individu et la reproduction semblent des éléments évidents depuis longtemps repérés par les théoriciens de différentes spécialités (les éthologues, les anthropologues, les biologistes, les psychanalyste). En effet Freud lui même a repéré ces deux enjeux fondamentaux, mais il les a nommés comme étant des pulsions, s'éloignant alors de sa définition première des pulsions, ce qui ne me semble pas pertinent aux vues de l'évidente justesse de sa première définition des pulsions par rapport à ce que l'on peut vivre et observer dans notre corps et notre psyché.
Quelles pourraient être alors les autres stratégies nécessaires pour permettre à une espèce de survivre dans le temps ?
Après de nombreuses réflexions j'en ai dégagé pour l'instant quatre autres qui me sont apparues comme pertinentes car fondamentalement nécessaires :
- L'instincts d'association caractérisé par le fait de communiquer, d'échanger, d'interagir, et de coopérer. Cela se retrouve chez les animaux et chez les plantes, un échange chimique est une forme d'association.
- L'instinct de régulation, qui garantie à l'espèce d'avoir des ressources, et donc exige qu'elle s'adapte en permanence à son milieu, soit en régulant sa population soit son prélèvement des ressources, il y a forcément une régulation sinon son milieu s'épuisant l'espèce risque l'extinction par manque de ressource. C'est d'ailleurs un point important concernant l'espèce humaine, c'est qu'elle semble avoir complètement perdu le contact avec son instinct de régulation et cela la mène vers un fort risque d'auto destruction, il me semble que cette situation nous montre que l'instinct de régulation participe bien à la survie de l'espèce.
- L'instinct d'évolution, qui permet que l'espèce s'adapte sans arrêt à son milieu, ce qui lui garanti une chance de survie.
- L'instinct de réparation, qui fait que nous reconstituons ce qui est abîmé. Il permet de ne pas être détruit ou rendu inefficient pas les dégâts éventuels. Il se voit et au niveau corporel, cicatrisation, et au niveau psychique, auto-traitement des situations traumatiques, résilience, mais aussi au niveau comportemental par la reconstruction de ce qui est abîmé, etc. (Je ne suis pas sûr encore à 100% de la pertinence de cet instinct qui pourrait être une partie de l'instinct d'autoconservation. A voir...)
Ces six instincts (autoconservation, reproduction, association, régulation, évolution, réparation(?)) sont pour moi les stratégies universelles qui permettent à toute espèce vivante de survivre.
Universelles dans ce sens où l'on peut les appliquer à tout le vivant, les végétaux et les animaux, unicellulaire et pluricellulaire, etc.
A toute structure vivante qui continue d'exister dans le temps au sein de ce grand paradoxe, fait de compétition et de coopération, qu'est la vie sur terre. Cette structure vivante faisant, à mon sens, forcement partie d'un groupe d'individu ayant un fonctionnement commun, une communauté génétique, ce que l'on appelle une espèce. Cela permet de nous rappeler une vérité aussi fondamentale qu'évidente, c'est qu'un individu seul n'a pas de sens dans la logique du vivant. Et donc la coopération devient elle aussi une évidence dans le vivant. Tout individu est dans la nécessite de coopérer avec les individus de son espèce (même s'il y a de la compétition) et plus largement avec son milieu (qui inclus d'autres espèces vivantes). On a grandement intérêt à se souvenir de cela, et c'est ce que rappel intelligemment Franz de Waal dans ses ouvrages et notamment « L'âge de l'empathie » (« L'âge de l 'empathie » Franz de Waal, édition les liens qui libèrent, 2010). Il nous montre qu'à côté de la compétition, la coopération fait partie intégrante de la nature.
Et cette manière que je propose de penser les instincts comme étant une stratégie d'espèce, permettant la survie de l'espèce, nous rappel cela : un enjeu individuel n'a pas de sens, n'a pas d'intérêt dans cet objectif commun qui est la survie de l'espèce. Et les instincts de régulation et d'association rappellent l'interaction de chaque espèce avec son milieu, avec son écosystème.
______ Petite parenthèse : Vignette pratique sur le lien entre les instincts et la survie de l'espèce : Nous humains ferions bien de nous reconnecter avec les instincts de régulation et d'association, car depuis quelques temps notre espèce semble s'en être totalement coupé. Or cela nous amène vers la destruction de notre écosystème (c'est à dire toutes les autres espèce vivante avec lesquelles nous coopérons pour survivre). Et en détruisant notre écosystème c'est la survie de notre espèce que nous menaçons. Parfois on entend dire qu'il faut sauver notre planète. Mais c'est une aberration de dire cela. Notre planète s'en sortira toujours. Il lui faudra peut-être un million d'année mais elle s'en sortira. C'est le monde du vivant actuel que nous menaçons, monde du vivant dont nous faisons partie. Nous ne semblons plus capable de réguler notre population, épuisant notre environnement, nous ne semblons plus capable de réguler nos prélèvement détruisant notre écosystème, nous ne régulons plus notre impact sur notre support de vie, nous condamnant à moyen terme. Nous ne nous associons plus aux autres espèces avec les quelle nous vivons et avec lesquelles nous constituons l'écosystème, et donc avec lesquelles nous sommes en interdépendance. Nous ne nous associons plus au sein même de notre espèce pour garantir notre survie car le système dominant est la concurrence poussé à un niveau extrême, nous agissons donc les uns contre les autres. La coopération qui découle de l'instinct d'association semble renvoyée au rang de tare, de faiblesse ou d'utopie infantile dans le discours dominant du tout économique actuel. Nous sommes du coup moins fort pour survivre. Fin de la parenthèse_________________
Ensuite chaque instinct est mis en acte ou en action, la fonction de chaque instinct est garantie, par des stratégies, ou des mécanismes, différents selon les espèces. Et, comme je l'ai déjà dit précédemment, je pars du principe que chez les animaux, notamment les mammifères dont nous faisons partie, les pulsions sont une stratégie interne, un mécanisme, parmi d'autres pour garantir la mise en action de ces instincts, pour en garantir la bonne marche. Ceci pour atteindre cet objectif commun qu'est la survie de l'espèce. C'est l'une des stratégies car il y en plein d'autre comme les émotions, les réflexes, et d'autres plus élaborées relevant de facultés spécifiques qui se sont développées au fur et à mesure de l'évolution, comme par exemple chez les humains : la communication, la symbolisation, le langage, l'abstraction, la transformation, la création, etc.
Chaque pulsion vient servir un instinct ou plusieurs en même temps, cela dépend des pulsions. Je vais maintenant en proposer un pannel non exhaustif, mais c'est encore à approfondir.
Les pulsions y en a-t-il beaucoup ?
Cette hypothèse implique donc l'idée qu'il existe un nombre non négligeable de pulsions, contrairement à ce que laissait entendre Freud qui se centra d'abord sur les pulsions du moi (qui renvoient à l'autoconservation) et les pulsions sexuelles (en lien avec l'excitation de muqueuses, orale, anale, génitale), qu'il réorganisera dans sa deuxième topique en pulsions de vie (pulsions sexuelle et d'autoconservation) et pulsions de mort (pulsions d'agression et de destruction). On voit là qu'il commençait à étoffer le spectre des pulsions. Mais manifestement pour Freud toutes les pulsions primaire renvoyaient à la sexualité et les autres étaient assez limitées et renvoyaient à la destruction. De plus, il semble que les pulsions pour Freud renvoyaient à des choses soit interdites (rappelons qu'a l'époque de Freud la sexualité est sous le joug de nombreux interdits moraux) soit inacceptables. Il crée d'ailleurs le concept de « ça » en nous qui est censé être le réservoir pulsionnel avec une tonalité très péjorative. Ce lieu de toutes les pulsions semblait pour Freud forcément le lieu de l'inavouable et l'inacceptable en nous, sa fonction étant de nous cacher à nous même jusqu'à l'existence de ces pulsions. Comme si les pulsions étaient des choses terrifiantes à combattre à tout prix. Ce qui d'ailleurs explique un élément que j'aborderais ultérieurement et qui pour moi est le générateur des pathologies psychiques en lien avec les pulsions, les fameuses névroses de Freud : c'est le mécanisme de gestion pathologique qu'est la répression pulsionnelle, quand celle-ci s'installe comme un mécanisme définitif de traitement d'une pulsion en nous. Ce « ça » est d'ailleurs réprimé par le « SURMOI », lieu d'intériorisation des règles morales, instance censée nous protéger de toutes ces pulsions si horribles en nous.
Je ne partage pas du tout cette vision des pulsions et de la manière de traiter avec elles en nous. Encore une fois Freud parle de cela à une période où les interdits moraux sont assez écrasants, et où tout ce qui peut nous ramener à notre condition de mammifères semble insupportable, car pas très en accord à la croyance majoritaire de l'époque éprise de culture judéo-chrétienne qui dit que nous avons été créé par Dieu à son image et que nous ne pouvons donc pas nous réduire à une condition inférieure que serait la condition animale.
Pour essayer de dresser une liste non exhaustive des pulsions, il me semble pertinent de les penser en fonction du ou des instincts qu'elles servent, qu'elles participe à mettre en oeuvre.
Par exemple les pulsions renvoyant à des besoins corporels dont on peut dire avec certitude qu'ils renvoient à l'instinct d'autoconservation. Il y aurait une pulsion orale, une pulsion anale, une pulsion urétrale et une pulsion de respiration. Cette dernière va prendre le relais quand la respiration automatique est empêché ou ne suffit pas (retenez votre respiration assez longtemps et vous serez confronté à votre pulsion de respiration). Ce sont les pulsions qui viennent nous pousser à fournir à notre corps les éléments extérieurs nécessaires à la survie de notre organisme et aussi à expulser les éléments qui ne doivent pas rester dans notre organisme, sous peine d'empoisonement, pour garantir son bon fonctionnement. C'est assez clair que ces pulsions servent l'instincts d'autoconservation car ils œuvrent à notre survie. (Il est intéressant de prendre comme archétypes de fonctionnement des pulsions en nous les pulsions renvoyant à des besoins corporels car leur description est plus évidente, en effet nos besoins corporels se rappellent à nous tout les jours et on peut donc les observer régulièrement. )
Il y aurait une pulsion scopique (voir) C'est elle qui nous amène à appréhender notre environnement par la vue, or la vue est le sens principal chez l'homme et il nous sert particulièrement pour survivre dans notre environnement. En ce sens elle sert à mon avis l'instinct d'auto conservation. Elle sous-tendrait une forme de curiosité, et aussi le voyeurisme.
Il y aurait une pulsion K ou épistémophilique. Proposée par W. Bion, c'est une pulsion de savoir (knowledge) qui sous-tend la curiosité, l'apprentissage. Elle pousse d'abord le bébé à explorer et découvrir tout ce qu'il trouve, avec ses mains et avec sa bouche, dans le monde extérieur ou sur son corps. Puis elle pousse l'enfant à demander « pourquoi ? », à poser des questions sur tout et n'importe quoi, et aussi à apprendre, à l'école, ou à acquérir des aptitudes diverses. Et enfin elle pousse l'ado et l'adulte à faire des formations et des recherches, à comprendre le monde, soi même et les autres. C'est cette pulsion à mon avis qui m'a amené à construire cette réflexion sur les instincts et les pusions. Elle sert à mon avis l'instinct d'autoconservation en poussant l'individu à devenir autonome et à être toujours de mieux en mieux adapté à son environnement et ainsi avoir le plus de chance de survivre, mais elle sert aussi l'instinct de reproduction (curiosité sexuelle, apprendre (comment on fait les bébé?) et l'instinct d'évolution.
Ces deux pulsions nous renvoient particulièrement à notre inscription et à notre adaptation dans notre environnement.
On peut penser aussi qu'il existerait une pulsion de trace, qui tend à nous pousser à marquer les lieux ou les choses. Cela irait du jet d'urine des mammifères ayant un territoire, jusqu'au drapeau fièrement posé pour s'approprié un lieu que l'on estime vierge, en passant par les traits laissées par un enfant d'abord n'importe où puis sur une feuille à dessin. La sublimation en serait les dessins sur les mûrs des cavernes et plus généralement les arts graphique et écrits. Tout ce qui fait trace. Comme une manière de marquer notre présence ou notre passage, notre existence. Elle serait les prémices de la question narcissique (terme qui en psychologie recoupe le rapport à soi-même. Cela va de la conscience de soi même, jusqu'à l'amour se soi en passant par l'image de soi). Elle ne serait pas une pulsion spécifique à l'humain. Peut-être est-ce aussi cette pulsion qui sous-tend ma démarche d'écrire et de publier ce texte. Elle servirait à priori l'instinct d'autoconservation, l'instinct d'association, en effet cette trace est adressée à des autres, et peut-être aussi l'instinct d'évolution, garder une trace du présent et s'en servir pour aller plus loin.
Une pulsion d'interpellation (ou d'expression) qui commence par le cri du tout petit qui interpelle son parent et qui aboutit au langage. Elle nous pousserait à être dans une certaine forme d'interaction avec ses proches, avec ses semblables et plus largement avec son environnement. Dans son expression la plus brute, elle sert l'instinct d'auto-conservation quand elle permet au nourrisson d'interpeler son environnement pour l'alerter d'une difficulté dans laquelle il se trouve. Et elle sert l'instinct d'association de manière évidente. Elle a diverses manière de s'exprimer selon les espèces, son, gestes, mouvements, phéromones etc.
Une pulsion d'agrippement qui sous-tend l'enjeux de sécurité dans l'attachement, le câlin, le lien affectif. Cette pulsion aussi sert l'instinct d'autoconservation mais pas seulement. En effet si elle permet à l'enfant de ne pas être laissé, oeuvrant ainsi à sa survie, elle amène aussi l'enfant à susciter le lien à son ou ses parents, servant alors l'instinct d'association.
Il y a peut être aussi une pulsion de manipuler, qui génère le mouvement d'attraper et de manipuler (qui signifie formellement conduire par la main « manipulare »), qui vient nous permettre d'utiliser cet outil corporel si fantastique qu'est la main. Constituée, entre autre (est-ce qu'elle marcherait aussi bien si nous n'avions que deux doigts?), de la pince à préhension ultra précise que l'on nomme « pouce - index », et qui nous permet de saisir des choses et de les emporter, de les transformer, de les utiliser, de les manger et de manière plus générale de façonner, créer, fabriquer etc. Elle nous offre un réel contrôle de notre environnement. Cette pulsion servirait donc les instincts d'auto-conservation et d'évolution. Mais elle nous sert aussi à toucher l'autre et en ce sens elle servirait aussi l'instinct d'association. Cette pulsion serait évidemment spécifique aux espèces ayant des membre préhenseurs.
Une pulsion d'agrégation ou d'agroupement qui nous pousse à aller avec les autres, au milieu des autres et de manière plus générale à coopérer. Elle est à la base de toutes les associations au sein d'une même espèce mais aussi entre espèces. Le principe des symbioses en est l'expression la plus claire. Elle sert clairement l'instinct d'association mais aussi l'instinct d'autoconservation.
Une pulsion est évidente à première vue, c'est la pulsion agressive. Par contre sa fonction et son utilité sont à mon avis méconnues et sous évaluées. La pulsion agressive vient nous préparer à la confrontation à un autre. Souvent dans cette confrontation l'idée est de se positionner dans le but de déterminer qui va dominer l'autre dans une relation, duelle ou de groupe. En venant créer un rapport entre deux individus, certes un rapport de domination, mais un rapport quand même, la pulsion agressive vient servir l'instinct d'association.
Une autre fonction de la pulsion agressive est de nous permettre, à mon avis, d'agir en attaquant un autre être vivant pour s'en nourrir. En cela elle vient servir l'instinct d'autoconservation. Cela nous permet de voir à quel point cette pulsion agressive qui au premier abord serait considérée comme négative et uniquement négative, est en fait fondamentalement nécessaire à notre survie.
De plus dans le monde animal, chez un certain nombre d'espèces mammifères, la confrontation et donc la pulsion agressive, sont sollicité dans le rut. Des mâles s'affrontent pour pouvoir féconder une femelle. La pulsion agressive vient alors servir l'instinct de reproduction.
Ce rituel de reproduction a une fonction, la sélection génétique. Le mâle le plus fort a des chance d'avoir la constitution physique la plus solide et donc de transmettre un matériel génétique propice à la survie. La pulsion agressive vient alors aussi servir l'instinct d'évolution.
Pour moi il est très important de différencier la pulsion agressive de la pulsion de destruction. En effet si la pulsion agressive renvoie à la confrontation à l'autre et tout ce que cela sous-tend, la pulsion de destruction renvoie à la violence et donc, d'après moi et ma définition de la violence, à la destruction de l'autre, destruction physique ou psychique. Sont but n'a donc rien à voir avec la confrontation, car si la confrontation met en lien, la violence empêche le lien, en détruisant l'autre, le but de la pulsion de destruction est de faire disparaître le lien. Elle correspondrait à ce que Mélanie Klein nomme la destructivité. Elle s'active dans une situation ou l'autre est ou nous semble (et cette nuance est souvent absolument fondamentale) tellement dangereux immédiatement que l'enjeu est « c'est lui ou moi ». La pulsion de destruction est sous-tendue par la haine. Ce n'est pas le cas de la pulsion agressive qui est un rituel, un jeu relationnel. Certes la pulsion agressive peut dériver vers la violence mais ça n'est que rarement le cas. La pulsion de destruction vient principalement servir l'instinct d'auto-conservation (même quand le sentiment que l'autre veut nous détruire est imaginaire).
Comme je l'ai proposé précédemment, dans le monde animal, chasser ne renverrait donc pas à la pulsion de destruction mais plutôt la pulsion agressive (confrontation) car le but n'est pas de détruire l'autre mais de se nourrir (oui la nuance peut paraître difficile à saisir et elle est pourtant importante en terme d'intention).
J'ai tendance à penser que la pulsion de destruction est peut être bien une pulsion spécifique à l'être humain. Une hypothèse pourrait être que cette pulsion de destruction aurait émergé dans notre évolution face au sur développement de la population de notre espèce. Alors en plus de servir l'instinct d'autoconservation dans certaines situation extrêmes (c'est lui qui y passe ou moi, donc je le détruit) cette pulsion pourrait servir l'instinct de régulation.
Une pulsion de découverte qui se rapproche de la pulsion scopique mais va plus loin car cette pulsion nous pousse à aller explorer l'environnement et pas juste à le voir. Elle sert nos instincts d'autoconservation, d'évolution et peut-être d'association.
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